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CHEMINS DE VIE
26 février 2008

QUAND L'AUTRE VIT EN SOI...(3)

Cas n° 2 :

“Quand il me faisait des câlins, j’avais l’impression de tenir mon fils”

Le donneur était un petit garçon de 16 mois qui s’était noyé dans sa baignoire. Le receveur était un petit garçon de sept mois atteint de tétralogie de Fallot (trou dans la cloison interventriculaire avec déplacement de l’aorte, sténose pulmonaire et épaississement du ventricule droit).

La mère du donneur, médecin :

“La première des choses, c’est que je n’ai pas seulement entendu le cœur de Jerry [le donneur]. Je le sentais en moi. Lorsque Carter [le receveur] m’a vue pour la première fois, il a couru vers moi et n’a pas arrêté de se frotter le nez contre moi. C’est exactement ce que nous faisions, Jerry et moi. Le cœur de Jerry et Carter ont maintenant cinq ans, mais Carter a les yeux de Jerry. Quand il me faisait des câlins, j’avais l’impression de tenir mon fils. Je pouvais le sentir, pas simplement de façon symbolique. Il était là. Je sentais son énergie. Je suis médecin. J’ai appris à observer finement et j’ai toujours été d’un naturel sceptique. Mais c’était bien réel. Je sais que certaines personnes diront que j’ai besoin de croire que l’esprit de mon fils est vivant, et peut-être est-ce le cas. Mais je l’ai vraiment senti. Mon mari et mon père ont eu la même impression. Et je vous jure (vous pouvez le demander à ma mère), Carter avait le même langage enfantin que Jerry. Carter a maintenant six ans, mais au même âge, il parlait comme Jerry et jouait avec mon nez exactement comme le faisait Jerry. Nous sommes restés chez les [nom de famille du receveur] cette nuit-là. Au milieu de la nuit, Carter est venu nous demander s’il pouvait dormir avec nous. Il s’est pelotonné entre mon mari et moi tout comme le faisait Jerry, et nous nous sommes mis à pleurer. Carter nous a dit de ne pas pleurer car Jerry avait dit que tout allait bien. Mon mari et moi, nos parents et tous ceux qui connaissaient bien Jerry n’ont pas le moindre doute. Le cœur de notre fils contient beaucoup de choses de lui et bat dans la poitrine de Carter. A un certain niveau, notre fils est toujours en vie.”

La mère du receveur :

“J’ai vu Carter aller vers elle [la mère du donneur]. Cela ne lui ressemble pas. Il est très, très timide, mais il est allé vers elle comme il courait vers moi quand il était bébé. Quand il a murmuré ‘Tout va bien, Maman’, j’ai craqué. Il l’a appelée ‘Maman’, ou peut-être était-ce le cœur de Jerry qui parlait. Il y a autre chose. En parlant avec la mère de Jerry, nous avons découvert qu’il souffrait d’une paralysie cérébrale bénigne affectant surtout le côté gauche. Carter présente une raideur et des tremblements du même côté. Cela n’a jamais été le cas quand il était bébé, ce n’est apparu qu’après la transplantation. Les médecins disent que c’est probablement lié à sa maladie, mais je suis convaincue qu’il n’y a pas que ça. Encore une chose que j’aimerais comprendre. Quand nous sommes allées à l’église ensemble, Carter n’avait jamais rencontré le père de Jerry. Nous sommes arrivés en retard et le père de Jerry était assis avec un groupe de gens au milieu de l’assemblée. Carter a lâché ma main, et s’est précipité droit sur cet homme. Il a grimpé sur ses genoux, l’a serré fort et l’a appelé ‘Papa’. Nous étions sidérés. Comment pouvait-il le reconnaître ? Pourquoi l’a-t-il appelé ‘Papa’ ? Il ne faisait jamais ce genre de choses. Il ne me lâchait jamais la main à l’église et ne courait jamais vers des inconnus. Quand je lui ai demandé pourquoi il avait fait cela, il a nié. Il a dit que c’était Jerry qui l’avait fait et qu’il l’avait suivi.”


Cas n° 3 :

“Il veut tout le temps courir les magasins, lui qui avait horreur du shopping !”

Le donneur était une femme de 24 ans, victime d’un accident de voiture. Le receveur était un jeune diplômé de 25 ans souffrant de mucoviscidose qui a subi une transplantation cœur-poumon.

La sœur du donneur :

“Ma sœur était une personne très sensuelle. Elle adorait peindre. Elle était en route pour sa première exposition solo dans une toute petite galerie quand un chauffard ivre lui est rentré dedans. C’est une galerie qui soutient les artistes homosexuels. Ma sœur ne l’affichait pas trop, mais elle était lesbienne. Elle disait que les paysages qu’elle peignait représentaient en fait la mère ou la femme. Elle observait un corps de femme nu et en faisait un paysage. Incroyable, non ? Elle était douée.”

Le receveur :

“Je ne l’ai dit à personne au début, mais je pensais que le fait d’avoir un cœur de femme allait me rendre homosexuel. Depuis mon opération, je suis plus excité que jamais et les femmes me semblent encore plus érotiques et sensuelles, j’ai donc intérieurement l’impression d’avoir subi une inversion sexuelle chirurgicale. Mon médecin m’a dit que c’était simplement mon regain de vitalité et d’énergie qui me donnait cette impression, mais je suis différent. Je sais que je suis différent. Quand je fais l’amour, je sais exactement ce que le corps de la femme ressent et comment il réagit, presque comme s’il s’agissait de mon corps. J’ai le même corps, mais je pense que je considère désormais le sexe d’un point de vue féminin.”

La petite amie du receveur :

“Il est bien meilleur amant maintenant. Bien sûr, il était plus faible avant l’opération, mais il ne s’agit pas de cela. On dirait qu’il connaît mon corps aussi bien que moi. Il tient à me câliner, à me serrer fort et à prendre tout son temps. Avant, c’était un bon amant, mais pas de cette manière. C’est tout simplement différent. Il veut tout le temps faire des câlins et courir les magasins. Lui qui avait horreur du shopping ! Et vous savez quoi ? Il arbore un porte-monnaie maintenant. Son porte-monnaie ! Il le met en bandoulière et dit que c’est son sac, mais il s’agit d’un porte-monnaie. Il déteste que je le lui dise, mais aller faire les courses avec lui, c’est comme y aller avec une amie. Autre chose : il adore visiter les musées. Il ne faisait jamais cela, absolument jamais. Désormais, il y va toutes les semaines. Parfois, il se plante de longues minutes devant un tableau sans dire un mot. Il adore les paysages et reste là, en admiration. Parfois, je le laisse et je reviens plus tard.”

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