LA CONSCIENCE A CORPS PERDU (2)
Dix
millions d’orgasmes sans le sexe
Dans l’immense majorité des cas, les personnes reviennent complètement transformées de ce voyage. Il s’agit d’une expérience agréable et lumineuse, souvent mystique, et leur vie est alors vouée au service des autres et à l’amour inconditionnel.
Le
docteur Sylvie Déthiollaz, du centre Noêsis, témoigne
de deux cas de rémissions spontanées de cancers
incurables chez des personnes dont les heures étaient
comptées. Mais certains « expérienceurs »
vivent mal les bouleversements provoqués par ce brusque
changement de valeurs. Souvent, ils éprouvent de grandes
difficultés à en parler. Patrice Van Eersel, l’auteur
de « La Source noire « (5), nous confiait à
Martigues : « Il n’y a pas de mots pour décrire ce
qu’ils ont vécu. Dix millions d’orgasmes, mais ça
n’a rien à voir avec la sexualité.C’est une
béatitude, c’est rapide et c’est lent, c’est chaud et
c’est froid. Il y a comme une éruption de quelque chose de
très symbolique ».
Difficile
de mettre des mots sur l’ineffable. Pascal, infirmier à
Toulouse, nous écrit : « C’est impossible de
vous décrire ce que j’ai ressenti, le vocabulaire n’existe
tout simplement pas. Les dimensions ne sont pas suffisantes dans la
physique moderne pour pouvoir vous faire partager mon voyage ».
Comme
nous le rappelle Marc-Alain Descamps, président du Centre
d’étude sur les expériences de mort imminente, on
trouve déjà des récits de telles expériences
chez Platon, Plutarque, Bède, et le pape Saint Grégoire
le Grand. Ils rejoignent les descriptions faites dans le Bardo Thödol
des Tibétains, ou rappellent les voyages du Ka chez les
Égyptiens.
Qu’ont donc expérimenté ces millions de personnes à la frontière de la mort ? Une incursion dans l’au-delà ? C’est en tout cas la conviction profonde de tous ceux qui l’ont vécue. Avec le perfectionnement croissant des techniques de réanimation, le nombre de témoignages d’EMI se multiplie chaque jour dans le monde. Et les études scientifiques se font elles aussi plus nombreuses, principalement dans les domaines de la médecine, de la psychiatrie et de la psychologie, et plus récemment en neurosciences.
On recense aujourd’hui plusieurs grandes études, dont la plus importante est celle du cardiologue néerlandais Pim van Lommel, qui fait autorité dans le domaine. Les résultats de cette analyse prospective entreprise sur dix années dans dix hôpitaux néerlandais et sur plus de 340 personnes en état de mort clinique, ont été publiés en 2001 dans The Lancet, l’une des plus grandes revues médicales au monde. À la même période, Sam Parnia, médecin et chercheur à l’hôpital général de Southampton (Grande-Bretagne) mène sa propre étude dans son service de soins intensifs.
Auparavant, à la fin des années 90, une enquête américaine dirigée par Kenneth Ring sur les EMI de personnes aveugles, dont plusieurs, aveugles de naissance, pose d’une manière étonnante les questions de la « vision » dans les EMI.
Citons
également, en neurosciences, les travaux du docteur
Beauregard, spécialiste de « neurothéologie »
– étude des états mystiques profonds – à
l’université de Montréal et les recherches sur la
décorporation menées avec le docteur Sylvie Déthiollaz,
en Suisse.
En France, la publication en 2005 de "Derrière la
lumière", livre-témoignage de Jean-Jacques Charbonier
(8), médecin anesthésiste réanimateur à
Toulouse, nous interroge à travers ses récits
autobiographiques sur le phénomène de l’après-vie.
Il bouleverse les paradigmes scientifiques par une accumulation de
nouvelles preuves de notre survivance après la mort.
Car c’est
bien aussi de cela qu’il s’agit, à l’écoute de
ces récits d’expériences de mort imminente, et notre
société ne peut qu’en sortir grandie si elle rouvre
et se réapproprie cette grande question, « ce grand
débat essentiel, commente le philosophe Marc Sautet, que les
religieux et les scientifiques se sont bien arrangés pour
bloquer. Les premiers affirmant que l’au-delà existe, mais
que ce “mystère” ne saurait faire l’objet de discussion,
les seconds n’acceptant le débat que dans un seul dessein,
prouver à tout prix que l’au-delà n’existe pas »
(9).
(le 17 juin dont parle l'auteur, dans l'article (1), devait être en 2006)
Je viens de voir que le magazine Nexus à publié cet article dans son n°46,de septembre/octobre 2006, vous pourrez donc vous y référer pour la suite.