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CHEMINS DE VIE
20 octobre 2017

IMPROBABLE MAIS VRAI !

Bonjour à tous,


« Tu as vu que McDo a lancé un nouveau burger végétarien ? Mon copain est super content, on va pouvoir recommencer notre rituel du dimanche soir ! » s’exclamait il y a quelques jours, l’œil pétillant, une amie végétarienne.

Ce rituel calorico-amoureux, ils avaient dû l’abandonner il y a cinq ans, quand elle a décidé de faire une croix définitive sur la viande et le poisson.

Et voilà qu’aujourd’hui, Ronald McDonald lui colle sous le nez une tentation perverse avec son « Grand Veggie » à 760 calories, un innocent mélange de légumes, de graines, de jeunes pousses et de choux rouge et blanc (sans oublier les « deux rondelles de tomate », alibi santé de tout burger qui vous respecte). Tentation perverse, parce qu’elle associe le frisson de la transgression – savoir qu’on entre dans le temple universel de la malbouffe – à une forme de petit salut moral : elle en sortira certes en sentant un peu la frite, mais en sachant qu’aucun animal n’a été maltraité pour son plaisir gustatif.

« Improbable mais vrai ! » s’exclame la publicité, comme pour confesser le passé peu glorieux du fast food en la matière et faire pénitence. Très basiquement on peut se réjouir d’une offre végétarienne chez McDo, qui avait inauguré sa révolution culturelle dès 2014 en proposant en guise de dessert… (roulement de tambour)… une pomme. Certes prétranchée et emballée sous sachet plastique, ne brusquons pas trop les gens.

On pourrait voir dans ce burger veggie le signe d’une évolution positive des mentalités. On serait sans doute plus avisé d’y voir une tentative d’assainir et verdir une image bien ternie. Suis-je donc un indécrottable cynique lorsque je m’interroge sur la sincérité de la « stratégie agroécologique » dont l’enseigne se réclame sur son site ?

Ce nouveau burger est-il bio ? Non. Vegan ? Non plus, emmental oblige. Issu de circuits courts ? Vous rêvez ! Achètent-ils leurs matières premières aux producteurs au prix juste ? Hummm… à votre avis ?

La question que pose ce burger, comme le Coca-Cola à la stévia avant lui ou les récents « légumes interdits » vendus par Carrefour, c’est la capacité du marketing à récupérer notre goût grandissant pour le « sain » et « naturel » à des fins purement mercantiles, sans remettre en cause un modèle économique et environnemental qui nous mène droit dans le mur. Dès lors, peut-on vraiment changer le monde seulement à partir de nos pratiques de consommation, comme on nous y incite de plus en plus en nous demandant d’être des consom’acteurs responsables ?

C’est une des nombreuses questions abordées dans le tout récent livre de la sociologue Anahita Grisoni. Elle y analyse comment les domaines du bio et de la santé naturelle sont entrés dans notre quotidien et sont passés, peu à peu, De la contre-culture à la loi du marché.

Au terme d’un vaste panorama qui nous fait voyager de l’Allemagne du XIXe siècle au salon Marjolaine, des médecines traditionnelles chinoises ou amérindiennes à leur version folklorisée dans les cabinets de consultation parisiens, elle questionne nos « bonnes actions » et bouscule nos bonnes consciences.

Une lecture salutaire en cette période où nous sommes nombreux à nous demander légitimement comment faire bouger les choses.


Prenez soin de vous,
Arnaud Lerch
Rédacteur en chef-adjoint d'Alternative Santé

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