TICH NATH HANH... (fin)
L’interdépendance : un principe universel
A
la quête du bonheur qui semble faire rage en Occident, il
répond par le principe universel d’interdépendance.
Il n’est pas d’« être », il n’est que de l’«
inter-être ». Traduction : « Je » dépend
de ce qui est « autre que moi ». Thich Nhat Hanh enseigne
qu’il n’y a pas de coupure entre soi et le monde. Tel est le «
non-soi » bouddhiste. Il signifie que nous ne sommes ni seuls,
ni isolés, et que notre bien-être dépend du
bien-être d’autrui, et réciproquement. Plutôt
que de cultiver une position égocentrique, qui creuse des
fossés entre les hommes, Thich Nhat Hanh nous encourage à
éviter les paroles et les actes qui causent de la souffrance,
et à développer une attitude de compréhension et
de compassion. Réduire la souffrance de l’autre, voilà
qui contribue à assurer notre propre bonheur.
«
Vous ne pensez à rien d’autre. Vous concentrez simplement
votre attention sur vos pas et vous marchez de telle façon que
chaque pas vous apporte solidité, liberté et joie. »
Fermement établis dans le présent, le corps et l’esprit
sont alors un, habités par une énergie protectrice.
La paix : une utopie accessible
De
la même manière, la paix mondiale dépend de la
capacité à établir la paix en soi. Thich Nhat
Hanh recommande donc de pratiquer la méditation pour parvenir
à un « regard profond » sur nos émotions et
nos intentions. Reconnaître nos peurs nous permet de développer
de la compassion pour la peur de l’autre et de restaurer la
communication.
Dès lors, la paix mondiale n’apparaît plus comme une utopie, mais comme le fruit d’une pratique méditative quotidienne. C’est ainsi que des délégations israéliennes et palestiniennes ont été conviées au Village des pruniers, non
pas
pour des discussions stratégiques, mais pour pratiquer le «
regard profond » et la « parole aimante ».
(Tiré
de La Paix en soi, la paix en marche)
Et
si savoir être seul était le secret d’une vie de
couple réussie ? Limpide, poétique, ce texte explique
comment la connaissance de soi enrichit la relation amoureuse.
«Le
cadeau le plus précieux que nous puissions offrir à
ceux que nous aimons est notre énergie de compréhension
et d’amour. Si nous n’avons pas de compréhension et
d’amour en nous-mêmes, nous n’avons rien à offrir
aux autres et au monde. Comment peut-on cultiver la compréhension
et l’amour ? En étant seul.
Etre seul ne veut pas dire que vous vous coupez de la société ou que vous allez vous installer au sommet d’une montagne ou vivre dans une grotte. Vivre seul signifie que vous êtes toujours avec vous-même – vous ne vous perdez pas. Vous pouvez vous asseoir sur la place du marché tout en étant seul. Vous êtes le chef à bord, et non une victime.
Quand
vous pratiquez la marche en pleine conscience, vous vous concentrez
sur vos pas et sur votre inspiration et votre expiration. Même
si vous marchez avec deux cents ou trois cents personnes, vous êtes
toujours seul. La pleine conscience et la concentration sont en vous
; chaque respiration et chaque pas vous nourrissent et vous
enrichissent, vous apportant l’énergie de la compréhension
et de l’amour.
Si
vous n’êtes pas vous-même, vous ne pouvez pas aimer,
vous ne pouvez rien offrir. Etre seul signifie revenir en vous-même,
devenir maître de vous-même et ne pas vous laisser
emporter. La compréhension est le fondement de l’amour. Si
vous ne vous comprenez pas vous-même, vous ne pouvez pas vous
aimer. Si vous ne comprenez pas votre bien-aimée, vous ne
pouvez pas l’aimer. Si vous ne comprenez pas la souffrance de votre
bien-aimée, ses difficultés ou ses aspirations les plus
profondes, comment pouvez-vous dire que vous l’aimez et que vous la
comprenez ? Vous devez être vous-même puis, en la
regardant, vous commencerez à comprendre. […]
L’amour
est l’eau qui jaillit de la source de la compréhension. Une
relation n’a de sens que si chaque personne est elle-même.
Si, dans votre couple, vous êtes tous les deux pleins de
compassion, d’amour et de beauté, vous n’avez rien d’autre
à vous offrir mutuellement.[…]
Parler
est une offrande et une manière de s’exprimer. Mais si
toutes vos idées sont vides, ce ne sera pas un vrai cadeau.
Vous aurez des opinions sur tout, mais ce n’est pas forcément
ce dont l’autre a besoin. Ce dont l’autre a besoin, c’est de
votre compréhension, de votre amour et de votre regard profond
– non en tant qu’idées, mais en tant que réalité
vivante. »
A LIRE :
• La Paix en soi, la paix en marche
Une
méthodologie en cinq points, qui sont autant de thèmes
pour une pratique quotidienne de la paix (Albin Michel, 2006).
• Il n’y a ni mort, ni peur
Des
enseignements accessibles à tous et qui explorent la tradition
pour nous libérer de la peur de mourir et vivre pleinement sa
vie (Pocket, 2005).
• La Plénitude de l’instant, vivre en pleine conscience
La base de l’enseignement divulgué par Thich Nhat Hanh pour se réconcilier avec soi-même et faire émerger un esprit communautaire (Marabout, 1999).