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CHEMINS DE VIE
23 avril 2008

UNE PEUR PEUT EN CACHER UNE AUTRE...(3)

Quand les figures parentales, supposées soutenir l’enfant, se sont affirmées …par leur absence, quand elles ne se sont pas contentées d’être déficientes, mais se sont présentées en se mettant hors de portée, c’est le supplice de Tantale et sans doute, comme le dit Winnicott, « le pire qu’il puisse arriver au petit humain ». Faim et soif éternelles, rien de tel pour écorcher la sensibilité et aiguiser les frayeurs. Le caractère traumatisant minoré d’un fait, d’une situation, le mépris d’une douleur occasionnée, exacerbe l’émotivité et la perception du danger. La conscience aiguë de ce qui porte atteinte favorise la soumission. Une personnalité anxieuse, perfectionniste, peut être une ancienne victime d’indicibles abus qui s’appliquera à dissimuler toute erreur car il lui a fallu, pour survivre, apprendre à nier toute « erreur »... Atmosphère douloureuse, traitement discriminatoire produisent ainsi des émotions interdites qui fragilisent d’autant plus la personnalité qu’il lui faut éviter qu’elles transparaissent et la trahissent.

Construction imaginaire pour justifier une sensation terrible qui nous étreint et dont nous avons hérité, certaines peurs ressuscitent des impressions étranges qui, si elles s’additionnent, ré-engendrent cela même qui les avait provoquées. Une agression non reconnue développe un sentiment d’inquiétude permanent qui se transmet comme une crainte « sans objet » puisque celui-ci n’a pas été nommé. Et l’on tournera en dérision le comportement de celui qui fait appel à une attitude consciencieuse pour calmer l’anxiété. Le taxant de bizarrerie, on le traite avec sévérité, brutalité parfois, car il est porteur à son insu d’un non-dit. Certains de ses propos, déstabilisants par mégarde, activent le soupçon en entretenant la crainte d’on ne sait quelle révélation. Peur de perdre ses papiers, son identité, la partie, une idée, une amie, la peur hante parfois et un mot au hasard d’une conversation pointe une ancienne terreur, chez soi, chez son interlocuteur, et soudain on se sent traqué…

L’objet sur lequel se projette la peur n’est pas toujours celui qui l’a engendrée, mais celui qui re-déclenche une peur précédente ou un trouble déréalisant. Faisant écran, il la réveille tout en la dissimulant… Sa résurgence se dit alors effrayante. Phobique, fuyant l’objet qui l’excite, on tendrait d’une certaine manière à fuir sa peur… Tant elle re-crée une béance et la rappelle.

L’objet apparent permet de donner une représentation figurative plausible à une peur plus profonde dont l’objet premier a été oublié, car interdit, ridiculisé, ou simplement non dit car indicible. Il autorise l’idée (d’essayer) d’en faire accepter la réalité, par « l’autre ». Et, symbolisant un désarroi réel passé, aide à en authentifier l’intensité émotionnelle.

La peur de toutes les peurs, la mère de toutes les peurs résiderait dans une crainte originelle plus ou moins prononcée chez chacun de nous. On peut imaginer qu’un enfant mal soutenu dans les premiers mois, par une mère elle-même fragilisée - qui n’aura pu qu’apporter des réponses mal adaptées aux besoins les plus essentiels - sera (à son tour fragilisé) plus craintif, et son propre enfant, (plus tard) agressé par les peurs parentales - plus agressif.

La peur est difficile à appréhender quand l’indicible qui l’a produite dans le passé n’a pas été symbolisé. Est-ce pour cela qu’on aime à lui donner des représentations qui en confirment l’évanescente véracité et, derrière les apparences fantasmatiques, aident à la sublimer ? Ainsi les contes et les histoires fantastiques viennent meubler, avec notre consentement, notre quiétude de frissons. On lit Grimm, Perrault et Andersen, Poe et Maupassant, pour nourrir, calmer, divertir, justifier sa peur. Peut-être est-ce parce qu’elles n’entrent pas par effraction que les émotions qu’ils nous font (re) vivre ne nous font pas violence, mais nous donnent à penser, à réfléchir et de quoi dénouer certaines appréhensions, telle celle de l’avenir (sans sa mère) pour l’enfant… Catastrophe et frissons, transposés dans la fiction, nous permettent de transcender nos émotions : on s’autorise à se frotter à leur réalité.

(...)

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Commentaires
C
Je ne suis pas sûre d'avoir tout compris. Il me faudra une deuxième lecture mais... J'en suis là ! M'appercevoir de mes peurs et prendre conscience de leur origine ! Encore que la blessure originelle aie toujours ete connue !<br /> D'autant plus surprenant que je suis, en ce moment même, en train de rechercher la symbolique de Cendrillon, mon conte préféré entre tous !<br /> <br /> Je découvre votre blog... Je reviendrais...
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