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CHEMINS DE VIE
19 juin 2008

SOIGNER AVEC DES CONTES (1)

(Solange Langenfeld Serranelli)

Les contes et métaphores thérapeutiques ont cette incroyable capacité d’aider les personnes à entrer en contact avec leur potentiel de guérison, les amenant à résoudre de grands conflits intérieurs avec une grande douceur, tout en respectant leur rythme propre. Solange Langenfeld Serranelli l’a bien compris : dans le cadre de sa profession d’infirmière en psychiatrie, elle écrit des contes afin d’aider les personnes qu’elle accompagne. Elle vient de publier un livre sur sa pratique thérapeutique, intitulé : « Les contes au cœur de la thérapie infirmière ». Un ouvrage truffé de contes réutilisables.

Témoignage :

Le conte aide à trouver des solutions dans son inconscient…

Voilà plus de dix ans que j’ai découvert la puissance thérapeutique du conte métaphorique. Sa force réside dans le fait qu’il cible le problème particulier d’une personne : l’histoire qu’il développe décrit la difficulté dans laquelle elle se débat et lui apporte des possibilités de solutions sous une forme symbolique. L’intérêt du conte est qu’il capte l’imaginaire, entraînant l’auditeur au cœur de son conflit inconscient, et lui ouvrant la perspective d’une issue. Par son intermédiaire, la personne fait un retour dans son passé et contacte ses émotions douloureuses refoulées. Passant la barrière de la pensée rationnelle avec tous ses systèmes de défense, le conte va entrer en contact avec son inconscient, le lieu où peuvent être contactées les ressources. Ces dernières vont alors pouvoir accéder au conscient.

Un exemple : un conte pour aider à faire un deuil difficile.

Pour illustrer ceci, prenons l’exemple d’une jeune femme que j’ai accompagnée dans son processus de deuil et pour qui j’ai écrit un conte thérapeutique. Elle venait de subir un avortement dans un contexte particulièrement dramatique, et avait dû se faire hospitaliser, en proie à une dépression importante. Elle avait été la maîtresse d’un homme marié au comportement particulièrement pervers et manipulateur qui opéré sur elle un lent travail de sape, l’amenant à se couper de ses amis, ainsi que de sa famille. Avant de le rencontrer, la jeune fille était très créative et faisait de la peinture. Mais, dés le début de leur liaison, devant ses moqueries, elle abandonna toute velléité de création artistique. Quand elle se retrouva enceinte, elle espéra que son amant clarifie enfin la situation. Mais quand celui-ci apprit la nouvelle, il lui ordonna d’avorter et pour obtenir sa capitulation, il lui fit pendant des jours et des jours cet odieux chantage : « qu’elle avorte, sinon il se chargerait bien de faire savoir à son enfant qu’il n’était qu’un bâtard, et il saurait le détruire à petit feu. »

Devant cette pression morale d’une violence extrême, désemparée et isolée de tout soutien possible, la jeune fille finit par céder à la pression et se fit avorter. Toutefois, l’épreuve vécue lui ouvrit les yeux. Prenant la mesure de l’étendue de la cruauté de son amant, elle trouva la force de le quitter. Celui ci essaya de reprendre contact avec elle, mais elle ne répondit pas à ses appels. Elle resta enfermée chez elle et s’enfonça peu à peu dans un état de dépression profonde.

A l’issue d’un entretien durant lequel elle pleura longuement tout en me racontant son histoire, je proposai à la jeune fille d’écrire pour elle un conte dont l’objectif serait de l’aider à faire le deuil de son enfant. J’étais très touchée par sa douleur. Il s’agissait là d’une douloureuse histoire d’amour impossible…impossible à vivre entre cet homme incapable d’amour et une jeune fille sans amour pour elle même…impossible à exprimer pour une mère égarée envers son enfant non advenu…

(...)

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