S'ENTRAINER A L'ESTIME DE SOI (3)
Ressentir
le malaise
Nos
émotions, nos sentiments et nos pensées s’inscrivent
physiquement dans notre corps. À tout moment, ce dernier nous
fournit des indices, des signaux de ce qui se passe à un
niveau plus profond. Encore faut-il en être conscient et ne pas
les mettre de côté, en se disant qu’on se trompe
sûrement sur leur signification, et accueillir favorablement
cette sagesse de notre corps. Il peut s’agir d’une tension, de la
crispation d’un muscle, d’une chaleur intense ou d’un frisson,
de battements accélérés du cœur, d’une
nausée, d’une anxiété soudaine ou d’un goût
irrépressible de fuir.
Ces sensations peuvent être
déclenchées par des personnes connues ou non ou des
situations, des lieux. Il peut arriver que l’on décide de
passer par-dessus ces signaux précieux par manque de confiance
dans nos propres sensations, faisant fi ainsi d’une grande richesse
que nous partageons avec les animaux, c’est-à-dire
l’instinct. Pourtant, il y a dans ces réactions une
intelligence que nous avons intérêt à respecter.
Lorsque nous nous invalidons de la sorte, que nous trouvons des
excuses à l’autre ou, pire, que nous lui abandonnons notre
pouvoir, nous passons par-dessus notre impression, notre intuition
pour nous rendre compte plus tard que nous aurions eu avantage à
nous faire confiance. Par exemple, songez à une situation où
vous vous êtes forcé à rester en compagnie d’une
personne qu’au départ vous ne sous sentiez pas capable de
supporter, en vous disant que vous étiez mal disposé…
et que finalement la rencontre a presque été une
torture. L’émotion est parfois plus juste et plus
authentique que la raison. Elle est la voie privilégiée
pour accéder à un niveau plus profond. Celui qui a une
bonne estime de lui se fait confiance et respecte son instinct. Il se
permet d’avoir du pouvoir, celui de quitter par exemple dans la
situation décrite précédemment. Évidemment,
pour créer cette nouvelle habitude, nous devons tout d’abord
nous arrêter pour prendre conscience de notre état émotionnel
et décider de nous faire confiance.
Aller
dans le sens du ressenti
Être capable de dire non est une façon de prendre soin de soi. Ce n’est pas toujours facile, car on peut craindre la critique, les remarques de manipulation, des répercussions du fait d’exprimer ce que l’on veut vraiment ou ce que l’on ne veut pas. Il faut surmonter la peur du rejet, de la désapprobation et de la non-acceptation. Ce vieux conditionnement est si fort qu’il nous suggère presque que notre survie dépend du fait de ne pas déplaire ! Pourtant, rappelez-vous une fois où, poussé dans vos derniers retranchements, vous n’avez pu faire autrement que de vous affirmer. Quelle sensation de pouvoir personnel, quelle satisfaction, quelle délivrance !
De
la même manière, il est inacceptable de se laisser
critiquer du fait d’éprouver telle émotion ou tel
sentiment particulier. Toutes les émotions sont correctes et
valables. C’est le comportement qui peut être discutable.
Nous n’avons pas à être conformiste dans le seul but
d’avoir la paix. Au contraire, se refuser le droit de vivre sa peur
ou sa colère ou ses valeurs est le meilleur moyen d’être
en conflit avec soi-même. Les adultes qui ont une bonne estime
d’eux-mêmes sont capables de s’exprimer librement, quelles
que soient les réactions des autres, de dire leur désaccord
lorsque la situation le demande, de poser leurs limites et de garder
un sens du moi fort.
Lorsque nous sentons qu’il le faut, nous avons aussi le droit de changer d’idée et, à tout moment, de l’exprimer. Développer de telles attitudes demande du courage. Encore une fois, le recul est nécessaire pour prendre conscience des occasions où l’on dit oui alors qu’il faudrait dire non. Nous devons aussi évaluer les conséquences possibles du fait de dire non, les bénéfices à se dire oui à soi, nous aimer suffisamment pour le faire et, enfin, savourer les résultats. Une bonne décision devrait toujours mettre fin aux tergiversations de l’ambivalence et entraîner, sinon un grand plaisir, au moins une satisfaction certaine. Enfin, il faut le faire sur une base régulière, en commençant peut-être par de petits événements, de petites décisions, au risque d’être taxé d’instable.
(...)