LES 3 PORTES DE LA SAGESSE
Un beau conte pour finir l'année en beauté à lire et relire, à méditer afin que la fin de l'an 2010 nous trouve meilleurs que celle-ci.
Un Roi avait pour fils unique un jeune Prince
courageux, habile et intelligent. Pour parfaire son apprentissage de la
Vie, il l’envoya auprès d’un Vieux Sage.
« Éclaire-moi sur le Sentier de la Vie », demanda le Prince.
«
Mes paroles s’évanouiront comme les traces de tes pas dans le sable »,
répondit le Sage. « Cependant je veux bien te donner quelques
indications. Sur ta route, tu trouveras 3 portes. Lis les préceptes
indiqués sur chacune d’entre elles. Un besoin irrésistible te poussera
à les suivre. Ne cherche pas à t’en détourner, car tu serais condamné à
revivre sans cesse ce que tu aurais fui. Je ne puis t’en dire plus. Tu
dois éprouver tout cela dans ton coeur et dans ta chair. Va,
maintenant. Suis cette route, droit devant toi. »
Le Vieux Sage
disparut et le Prince s’engagea sur le Chemin de la Vie. Il se trouva
bientôt face à une grande porte sur laquelle on pouvait lire :
CHANGE LE MONDE
«
C’était bien là mon intention », pensa le Prince, « car si certaines
choses me plaisent dans ce monde, d’autres ne me conviennent pas.
Et
il entama son premier combat. Son idéal, sa fougue et sa vigueur le
poussèrent à se confronter au monde, à entreprendre, à conquérir, à
modeler la réalité selon son désir. Il y trouva le plaisir et l’ivresse
du conquérant, mais pas l’apaisement du coeur. Il réussit à changer
certaines choses mais beaucoup d’autres lui résistèrent. Bien des
années passèrent.
Un jour il rencontra le Vieux Sage qui lui demande : « Qu’as-tu appris sur le chemin ? »
«
J’ai appris », répondit le Prince, « à discerner ce qui est en mon
pouvoir et ce qui m’échappe, ce qui dépend de moi et ce qui n’en dépend
pas. »
« C’est bien », dit le Vieil Homme. « Utilise tes forces
pour agir sur ce qui est en ton pouvoir. Oublie ce qui échappe à ton
emprise. »
Et il disparut. Peu après, le Prince se trouva face à une seconde porte. On pouvait y lire :
CHANGE LES AUTRES
«
C’était bien là mon intention », pensa-t-il. « Les autres sont source
de plaisir, de joie et de satisfaction mais aussi de douleur,
d’amertume et de frustration. »
Et il s’insurgea contre tout ce
qui pouvait le déranger ou lui déplaire chez ses semblables. Il chercha
à infléchir leur caractère et à extirper leurs défauts. Ce fut là son
deuxième combat. Bien des années passèrent.
Un jour, alors qu’il
méditait sur l’utilité de ses tentatives de changer les autres, il
croisa le Vieux Sage qui lui demanda : « Qu’as-tu appris sur le chemin
? »
« J’ai appris », répondit le Prince, « que les autres ne
sont pas la cause ou la source de mes joies et de mes peines, de mes
satisfactions et de mes déboires. Ils n’en sont que le révélateur ou
l’occasion. C’est en moi que prennent racine toutes ces choses. »
«
Tu as raison », dit le Sage. « Par ce qu’ils réveillent en toi, les
autres te révèlent à toi-même. Soit reconnaissant envers ceux qui font
vibrer en toi joie et plaisir. Mais sois-le aussi envers ceux qui font
naître en toi souffrance ou frustration, car à travers eux la Vie
t’enseigne ce qui te reste à apprendre et le chemin que tu dois encore
parcourir. »
Et le Vieil Homme disparut. Peu après, le Prince arriva devant une porte où figuraient ces mots :
CHANGE-TOI TOI-MÊME
« Si je suis moi-même la cause de mes problèmes, c’est bien ce qui me reste à faire », se dit-il.
Et
il entama son 3ème combat. Il chercha à infléchir son caractère, à
combattre ses imperfections, à supprimer ses défauts, à changer tout ce
qui ne lui plaisait pas en lui, tout ce qui ne correspondait pas à son
idéal.
Après bien des années de ce combat où il connut quelque
succès mais aussi des échecs et des résistances, le Prince rencontra le
Sage qui lui demanda : « Qu’as-tu appris sur le chemin ? »
«
J’ai appris », répondit le Prince, « qu’il y a en nous des choses qu’on
peut améliorer, d’autres qui nous résistent et qu’on n’arrive pas à
briser. »
« C’est bien », dit le Sage.
« Oui »,
poursuivit le Prince, « mais je commence à être las de ma battre contre
tout, contre tous, contre moi-même. Cela ne finira-t-il jamais ? Quand
trouverai-je le repos ? J’ai envie de cesser le combat, de renoncer, de
tout abandonner, de lâcher prise. »
« C’est justement ton
prochain apprentissage », dit le Vieux Sage. « Mais avant d’aller plus
loin, retourne-toi et contemple le chemin parcouru. »
Et il
disparut. Regardant en arrière, le Prince vit dans le lointain la 3ème
porte et s’aperçut qu’elle portait sur sa face arrière une inscription
qui disait :
ACCEPTE-TOI TOI-MÊME
Le Prince s’étonna de
ne point avoir vu cette inscription lorsqu’il avait franchi la porte la
première fois, dans l’autre sens. « Quand on combat on devient aveugle
», se dit-il. Il vit aussi, gisant sur le sol, éparpillé autour de lui,
tout ce qu’il avait rejeté et combattu en lui : ses défauts, ses
ombres, ses peurs, ses limites, tous ses vieux démons. Il apprit alors
à les reconnaître, à les accepter, à les aimer. Il apprit à s’aimer
lui-même sans plus se comparer, se juger, se blâmer.
Il rencontra le Vieux Sage qui lui demanda : « Qu’as-tu appris sur le chemin ? »
«
J’ai appris », répondit le Prince, « que détester ou refuser une partie
de moi, c’est me condamner à ne jamais être en accord avec moi-même.
J’ai appris à m’accepter moi-même, totalement, inconditionnellement. »
« C’est bien », dit le Vieil Homme, « c’est la première Sagesse. Maintenant tu peux repasser la 3ème porte. »
A peine arrivé de l’autre côté, le Prince aperçut au loin la face arrière de la seconde porte et y lut :
ACCEPTE LES AUTRES
Tout
autour de lui il reconnut les personnes qu’il avait côtoyées dans sa
vie ; celles qu’il avait aimées comme celles qu’il avait détestées.
Celles qu’il avait soutenues et celles qu’il avait combattues. Mais à
sa grande surprise, il était maintenant incapable de voir leurs
imperfections, leurs défauts, ce qui autrefois l’avait tellement gêné
et contre quoi il s’était battu.
Il rencontra à nouveau le Vieux Sage. « Qu’as-tu appris sur le chemin ? » demanda ce dernier.
«
J’ai appris », répondit le Prince, « qu’en étant en accord avec
moi-même, je n’avais plus rien à reprocher aux autres, plus rien à
craindre d’eux. J’ai appris à accepter et à aimer les autres
totalement, inconditionnellement. »
« C’est bien », dit le Vieux Sage. « C’est la seconde Sagesse. Tu peux franchir à nouveau la deuxième porte. »
Arrivé de l’autre côté, le Prince aperçut la face arrière de la première porte et y lut :
ACCEPTE LE MONDE
« Curieux », se dit-il, « que je n’aie pas vu cette inscription la première fois. »
Il
regarda autour de lui et reconnut ce monde qu’il avait cherché à
conquérir, à transformer, à changer. Il fut frappé par l’éclat et la
beauté de toute chose. Par leur perfection. C’était pourtant le même
monde qu’autrefois. Était-ce le monde qui avait changé ou son regard ?
Il croisa le Vieux Sage qui lui demanda : « Qu’as-tu appris sur le chemin ? »
«
J’ai appris », dit le Prince, « que le monde est le miroir de mon âme.
Que mon âme ne voit pas le monde, elle se voit dans le monde. Quand
elle est enjouée, le monde lui semble gai. Quand elle est accablée, le
monde lui semble triste. Le monde, lui, n’est ni triste ni gai. Il est
là ; il existe ; c’est tout. Ce n’était pas le monde qui me troublait,
mais l’idée que je m’en faisais. J’ai appris à accepter sans le juger,
totalement, inconditionnellement. »
« C’est la 3ème Sagesse », dit le Vieil Homme. « Te voilà à présent en accord avec toi-même, avec les autres et avec le Monde. »
Un profond sentiment de paix, de sérénité, de plénitude envahit le Prince. Le Silence l’habita.
«
Tu es prêt, maintenant, à franchir le dernier Seuil », dit le Vieux
Sage, « celui du passage du silence de la plénitude à la Plénitude du
Silence. »
Et le Vieil Homme disparut.
ET A VOUS TOUS ET TOUTES QUI LIREZ CES LIGNES, JE SOUHAITE VIVEMENT UNE TRES TRES BELLE ET BONNE ANNEE 2010.