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CHEMINS DE VIE
14 mars 2008

LA CONFIANCE EN SOI (2)

Les premiers liens nous imprègnent (ou non) d'une confiance primitive en la vie, sur laquelle se grefferont les bases de toute expérience à venir. Au-delà de la satisfaction des besoins, c'est à partir de la qualité de l'attention reçue que se constitue le ciment de sa résistance future aux épreuves.
Choyé, un enfant aura plus de chance de développer une force qui le rassurera lorsqu'il se trouvera seul. Mais hyper protégé, n'ayant pu développer ses propres défenses, il ne serait pas pour autant à bonne école. Autant l'attache qui nourrit de force intérieure est indispensable autant, une fois inscrites dans la mémoire les traces de cet attachement sécuritaire, l'enfant doit éprouver seul cette force intérieure, et nouer des relations vers d'autres ports d'attaches.

Pour le tout petit, qui découvre son image dans le regard de sa mère ou le reflet que lui renvoie un miroir, il est naturel qu'il s'y accroche, mais à mesure qu'il tend vers l'âge adulte, il est lui vital de s'en écarter. En effet, le regard aimant d'une mère nous confirme, mais trop admiratif, il nous aliène et entraverait l'accès à l'autonomie.

L'objet transitionnel de Winnicott s'il est accepté et respecté par l'adulte peut faciliter ce détachement et permettre à l'enfant de poser les bases d'une confiance en soi en lui apportant dès le départ un espace potentiel, au sein duquel il se trouve et se retrouve, se créer et se récréer. Un champ d'expériences neutre qui n'aura été ni contesté ni troublé par des ondes négatives et dont les traces mnésiques le guideront de façon positive.

Que nous nous soyons vécu lésé trahi ou abusé dans la petite enfance, certains comportements dictatoriaux ou perfectionnistes sont la manifestation compensatrice d'un manque de confiance, tout comme les coups physiques sont un aveu de faiblesse qui s'ignore…
Nécessaire pour féconder les germes de la confiance en soi, le narcissisme enfantin ancre dans la vie et toute expérience heureuse renforce le sentiment de sécurité ; bien entouré un enfant se sentira plus sûr qu'un autre, mais une trop grande assurance à travers le déploiement de forces héroïques disproportionnées en regard de l'âge, ou une excellence scolaire, allergique à la moindre baisse de niveau, pourraient dissimuler une inquiétude profonde ou tendre en fait à rassurer un parent insatiable, dont le propre sentiment d'insécurité exercerait une demande implicite mais autoritaire de réparation ou de valorisation.

Notre comportement agit comme modèle au niveau de l'inconscient. L'enfant a besoin d'être porté, rassuré ; savoir qu'il peut se reposer sur plus fort que lui pour gagner peu à peu ces forces qu'il ne songera bientôt plus à mesurer à celles de ses parents mais à celles de ses semblables le conforte. Ne pas limiter une volonté de puissance spontanée qui l'inciterait à un sentiment de supériorité sur sa mère ou sur son père, pour compenser une infériorité naturelle, le plongerait dans l'insécurité. Écho, au présent, de sa généalogie et du futur dans lequel il se projette, le soi est aussi la famille au sein de laquelle l'enfant se développe. Il doit pouvoir compter sur ses parents et non les dominer.

Quel que soit l'amour qu'il lui porte, tout parent est amené à contrecarrer le moi grandissant de son enfant. S'il a confiance en ses actes, en la légitimité de son opposition, aussi sévère semble-t-elle, il communique à son enfant, en même temps que l'esprit des lois, un sentiment d'accord avec soi-même qui l'autorise à heurter la sensibilité de l'enfant pour mieux l'assurer à l'avenir. Autant le contredire par plaisir serait néfaste, autant lui tenir tête pour transmettre l'idée de la vérité d'une éducation en dépit de certains de ses aspects rébarbatifs est stimulant.

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