DU MARCHE DE LA PEUR A ....(1)
LA SECURITE INTERIEURE !>
(Par
Diane Saunier)
Les
peurs sont devenues un acteur fantôme à part entière
de la société civile et la sécurité un
thème majeur, au même titre que la santé, la
qualité de vie, la protection de l’environnement. La notion
de risque est omniprésente, le principe de précaution
est partout, les stratégies préventives ont gagné
tous les domaines de la société et ses modes de vie, de
l’habitat à la planète. Ce besoin accru de sécurité,
de protection, révèle une société
anxiogène régie par les peurs, les ayant intériorisées.
Mais il n’existe aucun risque zéro dans la vie…Jamais le
monde extérieur ne sera sécurisé, ce n’est pas
le but du jeu et de l’apprentissage humain !
Le
piège principal réside dans des réponses
exclusivement matérielles, externalisées,
interventionnistes, avec une ingérence croissante dans la vie
privée, et au final inefficaces et onéreuses … C’est
oublier que la source de la véritable sécurité
est intérieure, encore nommée Confiance !
Sécurité, santé, qualité de vie, respect de la nature… Ces thèmes qui auraient pu être affirmés depuis longtemps comme un objectif de civilisation, n’apparaissent depuis peu que sous l’effet de l’urgence, de la peur et de la nécessité. Ils sont revendiqués pour EVITER – le pire, des catastrophes majeures -, mais pas encore choisis comme étant des VALEURS DE VIE fondatrices de l’humanité dans son ensemble.
De plus, ils sont abordés exclusivement par des mesures extérieures - réglementation, dispositifs, normes, réorientation de comportements plus « citoyens » - au caractère d’obligation et d’autorité. C’est pourquoi les réponses apportées sont le plus souvent en distorsion. Elles semblent ignorer la puissance de la conscience individuelle et collective comme facteur premier de changement.
L’obsession
sécuritaire et ses effets paradoxaux
L’inversion du regard est au centre de la question de la sécurité – c’est-à-dire de l’insécurité et des peurs.
La quête de sécurité est partout et touche désormais à tous les aspects de la la vie : l’environnement, l’habitat, l’alimentation, l’espace public, les espaces numériques….
Les conséquences d’une telle inflation sécuritaire sont inversement proportionnelles à la démesure de moyens mis en œuvre. Prenons l’exemple de la santé. Etrange paradoxe que ce pays ou l’institution médicale est puissante et reconnue, détienne le record mondial de consommation d’antidépresseurs et de psychotropes.
D’anciennes maladies ressurgissent et de nouveaux virus apparaissent, la pandémie occidentale de cancers évoquée par David Servan Schreiber et quelques médecins éveillés, celle de maladies dégénératives comme Alzheimer, sont des questions directes adressées à nos choix de vie et de consommation. Les effets secondaires de médicaments aux molécules toujours plus actives sont souvent plus toxiques que le mal qu’ils sont censés soigner.
Les compagnies d’assurances s’engagent dans une sécurisation du parcours médical et on évoque désormais la sécurité de la naissance avec la médecine prédictive, permettant d’éliminer tout risque d’anomalie…mais surtout de générer de nouvelles formes de discrimination par la « pureté » de l’héritage génétique.
Aujourd’hui,
au nom de la sécurité, la prévention de la
violence urbaine offre des réponses musclées jusque
dans les collèges, sur les traces d’une certaine Amérique
du surarmement civil…
L’escalade des problèmes est le plus souvent la réponse directe au renforcement sécuritaire.
L’icône sécuritaire principale qu’est l’état se définit surtout par une supra-parentalité de type répressif et autoritaire qui renforce l’assistance et la dépendance.
Les icônes secondaires sont payantes et prospères, notamment les compagnies d’assurances et le secteur bancaire. Longtemps protectrices, les entreprises sont sorties du cocon matriciel avec le capitalisme financier et le libéralisme galopant, incompatibles avec le désir de sécurité.
L’explosif et le détonateur
Les trois réponses apportées au développement des peurs collectives sont trois impasses qui amplifient le mal.
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