LE STRESS (4)
Si tel était
vraiment le cas, les formes que prendraient notre destin seraient
prédéterminées. Mais qui dit destin
prédéterminé, dit aussi absence de libre arbitre
pour l’être humain. Or, nier le libre arbitre c’est,
philosophiquement parlant, saper les bases sur lesquelles sont bâties
la vie individuelle et sociale. En effet, sans libre arbitre, l’homme
est le jouet du destin et ne serait pas responsable de ce qu’il
fait. La société ne pourrait pas l’exhorter à
respecter les lois et ne pourrait le condamner lorsqu’il commet des
actes qui vont à l’encontre de ces lois, étant donné
que c’est le destin - et non pas lui-même - qui est le moteur
de ses décisions.
Si le temps ne passe
pas, que fait-il ?
Si le temps ne passe
pas, qu’il ne charrie pas avec lui les événements de
notre destin, qu’il n’arrange pas les
choses tout seul, qu’il n’efface pas non plus les blessures ou
n’amène des temps meilleurs, ... que fait-il ?
Il est immobile,
peut-on lire dans un ouvrage spirituel intitulé « Dans
la Lumière de la Vérité, Message du Graal »
de Abd-ru-shin. Cette conception du temps est certes très
différente de celle que nous utilisons habituellement, mais
elle se montre parfaitement exacte et va nous permettre de mieux
comprendre ce qu’il est véritablement.
D’après cette
conception, ce n’est pas le temps qui est en mouvement, mais nous.
Nous avançons dans le temps, allons à sa rencontre.
Celui-ci est immobile et demeure éternellement identique à
lui-même. Les seules choses qui changent ce sont les formes.
Ainsi, en avançant dans le temps et y découvrant toutes
les formes qui s’y trouvent, nous enrichissons notre savoir et
progressons intérieurement.
Nous sommes donc en
présence de trois notions fondamentales. Premièrement,
que le temps ne passe pas, mais est immobile. Deuxièmement,
que ce n’est pas lui qui se déplace, mais nous qui nous
déplaçons en lui. Et troisièmement, que ce qui
change constamment, ce n’est pas le temps, mais ce sont les formes.
Reprenons ces trois
notions et voyons d’abord pour la première d’entre elles
quels sont les éléments qui nous permettent d’affirmer
que le temps passe ? A bien y réfléchir, il n’y en a
qu’un seul, c’est le changement des formes : les aiguilles de
notre montre se déplacent, le soleil change de position dans
le ciel, les plantes croissent, les enfants grandissent, nos états
intérieurs se modifient.
Toute la question revient donc à déterminer si le fait de considérer que les changements de forme sont amenés par le temps qui passe, est une notion conforme à la réalité ou non, c’est-à-dire si elle permet d’expliquer et de comprendre les faits et l’expérience que nous avons du temps. Ce n’est pas le cas.
Comme nous l’avons
déjà vu, si le temps passait et amenait le changement
de forme, il y aurait un ailleurs dans lequel se trouveraient les
formes futures et passées. Cet ailleurs n’a cependant non
seulement jamais été découvert, mais pas la
moindre hypothèse de sa localisation éventuelle n’a
pu encore être avancée.
Mais même si cet
ailleurs existait, cela nous amènerait à un non-sens
qui devrait nous faire également rejeter la notion du temps
qui passe. En effet, cette approche du temps implique que les objets
puissent se trouver simultanément à des endroits
différents.
Certes, les
différentes formes par lesquelles l’arbre donné en
exemple précédemment a passé au cours de sa
croissance existent. Elles ne sont cependant pas ailleurs, dans un
inconnu lointain, appelé globalement passé, mais sont
encore sur place dans le jardin. Ces formes passées sont
d’ailleurs encore en partie visibles lorsque nous coupons
perpendiculairement le tronc. Les marques du temps y apparaissent
clairement dans les sillons concentriques des nervures. Les nervures
centrales nous montrent le diamètre et la forme approximative
du tronc initial, les nervures suivantes le diamètre et la
forme lors des années ultérieures, et ainsi de suite,
jusqu'à à la forme actuelle de l’arbre.
Les formes ne se déplacent donc pas avec le temps. Elles ne viennent pas d’ailleurs pour entrer dans le présent et être ensuite emportées dans le passé, mais elles restent sur place et se modifient là où elles se trouvent. Le temps ne les déplace pas, parce qu’elles n’ont même pas besoin d’être déplacées. Mais, ne les déplaçant pas, le temps ne passe pas non plus. Par conséquent, il ne peut ainsi qu’être ... immobile.