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CHEMINS DE VIE
6 mai 2008

SUPER SIZE ME (1)

(Dr Nicolas Le Berre)

(Un film documentaire sorti en 2005, d'un adepte de la vie saine qui s'est volontairement ( et temporairement) adonné  au fast food pour en mesurer les conséquences sur la santé.Une expérience validée scientifiquement et très convainquante.)

Excellent film de Morgan Spurlock sur le fleuron de l'alimentation agro-industrielle, technico-commerciale actuelle : le régime fast-food, l'alimentation qui tue, preuve irréfutable à l'appui. Même le corps médical accepte l'avertissement, du moins dans le film, mais jusqu'où va-t-il en tirer des conclusions ? Sans doute hélas pas très loin.

Chez nous en tout cas, ce film n'a pas eu de la part de l'Académie de médecine un accueil chaleureux et unanime, c'est pourtant une belle œuvre clinique, c'est pourtant un éclairage saisissant sur un mode alimentaire, sur un mode d'entrée dans la maladie... sans doute trop simple pour ces messieurs.

La Sécurité sociale et l'Education nationale n'organisent pas non plus de projections gratuites de ce film...

Mieux vaut attendre les preuves « scientifiques » formelles et laisser pendant ce temps prospérer le marché de la maladie devenue maintenant un secteur économique très productif.

En 2003, il y avait 189 millions de diabétiques de type 2 dans le monde, on en attend 366 millions en 2030, la politique de prévention se borne à prévoir les stocks de médicaments plutôt que de gêner le commerce de l'agroalimentaire qui les fabrique ! Une manne pour les laboratoires.

Divers enseignements y sont particulièrement bien soulignés. Nous allons en envisager cinq.

1 – Une méthode rigoureuse

Commençons par la méthode. C'est un prototype du protocole à suivre pour faire une expérience alimentaire exploitable. La rigueur est au rendez-vous. Une expérience est une expérience, il ne s'agit pas de faire n'importe quoi.

La durée est définie et pendant ce temps, il n'y a pas de dérogation même si c'est parfois difficile, il faut être strict, c'est indispensable. Ce monsieur a donc décidé de manger pendant un mois, chaque jour, trois repas dans une chaîne de fast-food, il va le faire sans entorse.

L'observation est, elle aussi, précise sur des critères cliniques (poids, ou mieux : indice de masse corporelle, paramètres biologiques, signes cliniques physiques et psychiques), observation subjective et objectivée par des tiers (trois médecins, une diététicienne et un professeur de gymnastique), on est sérieux, pas dans l'à peu près, pas dans l'illusion personnelle. Les résultats sont incontournables. Dès le départ, il est aussi annoncé clairement que l'expérience est renforcée par une sédentarité elle aussi bien calculée, podomètre à l'appui.

Ce protocole devrait nous inspirer lorsque nous décidons de faire une expérience alimentaire, comme par exemple se rendre compte de l'incidence de la suppression des sucres à index glycémique élevés ou des produits laitiers ou contenant du gluten...

Combien de personnes n'ai-je pas vu faire cela approximativement au cours de ma pratique ? On supprime un peu, souvent, ou beaucoup, de temps en temps, les entorses sont innombrables...

On ne peut rien tirer de ce genre d'expérience, la rigueur est une condition sine qua non, indispensable. Un mois est une durée minimale.

Dans le cas précis de ce film, le choix était judicieux car le résultat partait du mauvais côté et, en biologie comme à la maison, il est plus rapide d'installer du désordre que de remettre de l'ordre. D'ailleurs, il a mis ensuite six mois à revenir à son état de départ, donc à réparer les méfaits engendrés par cette alimentation et la sédentarité.

Dans le cadre d'une marche vers le mieux, un délai de trois mois me semble bien préférable, cette durée permet de se rendre compte des bienfaits. Le respect à 100% est indispensable dans la période d'expérience.

Si on pratique une suppression à seulement 80%, les résultats sont minimes ou inexistants, cela paraît curieux mais c'est ainsi. Il faut vraiment respecter cette règle.  Le journal de bord est une bonne précaution de même que l'observation d'un tiers, de préférence « extérieur » (non impliqué affectivement d'une part et avec un regard professionnel d'autre part). Cela permet d'éviter l'illusion ou l'occultation quant aux résultats, deux mécanismes mentaux qui peuvent fausser les conclusions que l'on va  tirer de l'expérience.

(...)

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